Mettre le développement durable au cœur du processus décisionnel de l’entreprise Par Olivier Pasquier, Country Manager chez Board France Cadre & Dirigeant

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Une étude réalisée par le Boston Consulting Group [1]révèle que la pandémie a accéléré la prise de conscience autour de l’urgence climatique des Français. Alors que la société évolue vers un modèle plus écologique, et que 84%[2] des entreprises se sont fixées des objectifs quantitatifs pour leur contribution au développement durable, elles sont tenues d’évaluer rapidement leur crédibilité en matière d’écologie et de placer le développement durable au premier plan de leurs priorités stratégiques. Pour y parvenir efficacement, une transparence totale est nécessaire.

Un processus décisionnel axé sur la durabilité

Il existe de nombreux exemples d’organisations pionnières qui ouvrent la voie à des politiques opérationnelles plus durables. H&M, par exemple, a lancé des initiatives visant à réduire les déchets, à éliminer les produits chimiques nocifs de sa production et à trouver des méthodes logistiques plus durables. D’autres marques s’efforcent de supprimer les emballages plastiques des aliments et à utiliser les stocks invendus pour produire de l’énergie verte. Des entreprises technologiques leaders telles qu’Apple ont atteint un taux d’utilisation d’énergie renouvelable de 100 % dans leur production et utilisent un pourcentage accru de matériaux recyclés dans leurs gammes de produits.

Ce que toutes ces organisations ont en commun, c’est leur volonté de prendre des décisions stratégiques durables et de se doter des moyens efficaces pour suivre leurs progrès et leurs résultats.

Construire les bases d’un processus décisionnel durable

Pour prendre une décision en matière de durabilité, il est important de passer au crible les activités tout au long de la chaîne d’approvisionnement pour comprendre leurs effets sur les émissions et les déchets. Les répercussions financières, temporelles et autres coûts liés à l’adoption d’une nouvelle méthode ou d’un nouveau fournisseur doivent également être examinés avec précision. Par-dessus tout, il doit y avoir un changement d’état d’esprit opérationnel, dans lequel les chefs d’entreprise disposent des bonnes informations pour prendre des décisions éclairées et suivre les progrès réalisés en temps réel.

Pour atteindre cet « idéal décisionnel », il convient de disposer de plusieurs moyens opérationnels pour évaluer le positionnement d’une entreprise en matière de durabilité. Le rôle de la donnée devient ainsi majeur, car elle permet de mesurer des indicateurs précis pour, par exemple, comprendre combien de produits utilisent actuellement des matériaux respectueux de l’environnement, quel pourcentage de l’énergie provient d’un fournisseur vert, ou combien l’emballage plastique actuel coûte par unité … Une véritable compréhension de l’ampleur et de l’impact des problèmes liés à la durabilité ne peut être obtenue que par des processus métiers et opérationnels parfaitement intégrés à l’échelle de toute l’entreprise, et donc l’élimination des rapports disparates, puis l’unification des sources de données couvrant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Une fois les données collectées, elles doivent être analysées rapidement afin d’examiner quelques indicateurs clé de performance de haut niveau : l’utilisation du plastique par exemple, pour voir quels sont les produits qui contribuent le plus à cette utilisation, et combien de ces produits sont vendus au cours d’une période. Cela permet d’avoir de la visibilité sur l’ampleur du changement nécessaire.

Enfin, au-delà de l’optimisation éco-responsable des processus en cours, il est nécessaire de se projeter dans l’avenir et donc de planifier ses objectifs de durabilité. Pour mesurer efficacement des options et parvenir à une décision stratégique, les entreprises doivent comprendre toutes les implications de chaque initiative. Si une entreprise souhaite lancer une nouvelle gamme de produits durables en vue de remplacer une ancienne gamme, il existe une multitude de facteurs à prendre en compte : où les nouveaux produits seront-ils fabriqués ? Quel sera le coût unitaire des matériaux durables ? Faudra-t-il plus de personnel pour fabriquer les produits, et le temps de production sera-t-il plus rapide ou plus lent ? Quel serait l’impact sur le résultat net si la gamme de produits traditionnels était abandonnée ? L’emballage durable aura-t-il des répercussions sur le stockage ou le transport dans les entrepôts ? L’entreprise a ainsi besoin d’avoir une vision d’ensemble en modélisant les différents scénarios à l’aide de données commerciales réelles. Ce n’est qu’avec une visibilité instantanée de l’impact des résultats potentiels que les équipes de direction peuvent faire un choix rapide et éclairé sur la voie à suivre, en fonction de leurs objectifs en matière de RSE.

Le passage à des pratiques durables ne se fait pas du jour au lendemain. Il s’agit d’une évolution qui nécessite un engagement au plus haut niveau de l’entreprise et tout au long de la chaîne d’approvisionnement, mais qui nécessite surtout d’avoir toutes les informations et les données nécessaires pour prendre les bonnes décisions en interne. Alors que la société évolue et met l’accent sur le développement durable, les entreprises ont un rôle majeur à jouer pour l’avenir de la planète.  

[1] C’est le constat de l’étude « La pandémie accroît la conscience environnementale » réalisée du 20 au 29 mai 2020 par le BCG dans huit pays (France, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Afrique du Sud, Grande-Bretagne et Etats-Unis) auprès de 4.000 répondants.

[2] Réalisée par Deloitte, EY et le MEDEF, septembre 2020

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