Les soft skills font florès, mais que se cache derrière cet anglicisme qui ponctue les tendances RH ? Si ils font partie de notre quotidien de travail depuis belle lurette, développer les soft skills en entreprise est devenu indispensable, en particulier dans le contexte de l’obsolescence des compétences et des nouvelles méthodes de travail collectif. Sans aucun doute, ils sont devenus la pierre angulaire de la conduite du changement en entreprise, ils sont également devenus indispensables pour les recruteurs.
Comment définir les soft skills ?
Les “compétences souples” en français viennent compléter les savoirs techniques acquis soit par une éducation formelle soit lors de formations ponctuelles ou en continu. On apprend des soft skills, ou plutôt on les développe, lors d’expériences professionnelles ou personnelles. Si certaines personnes sont naturellement mieux dotées de ces capacités à la fois relationnelles et comportementales que d’autres, l’entreprise peut participer à leur essor.
Avec l’importance accrue de la collaboration, surtout par le biais du télétravail, certains soft skills fluidifient la dynamique de groupe pour que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice, c’est le cas de l’esprit d’équipe ou le sens du service. Depuis le début de crise sanitaire, les collaborateurs ont été confrontés au besoin de développer une plus grande autonomie, à prendre des décisions mesurées au quotidien ou encore à s’auto-gérer afin de garder la tête froide dans des situations complexes. En somme, les soft skills en entreprise font désormais partie de la plupart des fiches de postes.
Quel rôle jouent les soft skills en entreprise ?
Confrontées à la crise sanitaire et aux changements drastiques et rapides qu’elle a entraînés, les entreprises ont revu leur stratégie et pivotent de manière plus ou moins dramatique. Dans ce contexte, les soft skills deviennent indispensables pour mieux accueillir et accompagner les évolutions avec souplesse et détermination.
Soft skills et management
Les managers jouent un rôle crucial dans la mise en action de tout changement de cap. Un délicat équilibre entre prise de décision, empathie et encouragement à s’épanouir, la posture du manager en 2021 ne se résume plus seulement au contrôle et à la passation de messages top-down. Le manque d’engagement et l’absentéisme sont souvent très liés à l’écart entre soft skills et management. La capacité d’écoute, l’ouverture d’esprit et l’empathie pour proposer des conditions de travail plus flexibles et confortables sont à développer. Dotés des compétences souples adaptées, un manager crée et cimente une relation de confiance avec plus d’aisance. Le management dans la confiance campe un des piliers du travail collaboratif et de surcroît à distance.
Le manager est aujourd’hui chargé de révéler le potentiel de ses équipes en éveillant et en incitant les collaborateurs à mettre leur soft skills à contribution. Il doit à la fois savoir individualiser les besoins et œuvrer à renforcer l’engagement envers une mission commune. Ainsi, le manager doit aussi être capable de trancher en cas de conflit et prendre des décisions pour le bien de l’entreprise tout en limitant l’insatisfaction dans ses équipes. Qui a dit bien manager était simple ? En somme, une entreprise plus agile et réactive doit s’affairer à réduire l’écart entre soft skills et management.
Obsolescence des compétences
Le World Economic Forum prévoit que la moitié de tous les salariés devront monter en compétences d’ici 2025 sous l’effet de la numérisation des processus de travail et l’évolution des connaissances nécessaires pour travailler. On risque de voir de plus en plus de collaborateurs seniors expérimentés, mais incompétents en outils digitaux. Même quelqu’un avec vingt ans de carrière devra être en capacité de se former par le reskilling et l’upskilling.
Or, le schéma mental et sociétal veut que nous limitions l’apprentissage aux jeunes. Alors qu’au contraire, un très bon manager peut lui aussi s’enrichir en apprenant une nouvelle technique de management ou encore monter à bord d’un nouvel outil de gestion de projet, par exemple. Il est donc urgent de déconstruire les notions de savoir, car admettre son manque d’informations devra être perçu comme le début d’un chemin à explorer, plutôt qu’un manquement à cacher.
Top 10 des soft skills les plus prisés en 2021
Quelles compétences souples recruter et développer à la rentrée 2021 ? La question est plutôt : sur quelles missions vous concentrez-vous sur cette fin d’année ? Après avoir répondu à cette question, vous pourrez vous poser sur les les 10 soft skills les plus recherchés en 2021 selon le World Economic Forum :
1. L’autonomie, le soft skills à avoir en 2021
Terminé le management par le contrôle et la surveillance, pour mener à bien ses missions individuelles et collectives, les collaborateurs devront faire cavalier seul, en particulier dans le cadre de la pérennisation du télétravail. À la fois une question d’organisation du travail et d’engagement, l’autonomie demande autant la participation du collaborateur et celle de la hiérarchie.
2. La capacité d’adaptation
Alors que nous avons collectivement été mis à l’épreuve de ce soft skill en 2020, le dernier trimestre de l’année 2021 risque d’en demander davantage aux collaborateurs qui devront s’installer dans un nouveau mode opératoire au gré des imprévus. Ainsi, les RH devront miser sur ceux qui réussissent à avancer et à s’épanouir dans des circonstances changeantes.
3. La résolution de problèmes complexes
Afin de trouver une solution, il faut s’attacher à identifier le problème. Bien souvent, une situation d’apparence sans issue nécessite de remarquer et d’examiner plusieurs freins et obstacles avant de décider de la marche à suivre. C’est précisément à cette complexité que l’on s’attaque – parfois en sortant des processus habituels et en consultant l’intelligence collective.
4. L’esprit critique
Être en mesure de raisonner, de peser le pour et le contre et mener une réflexion indépendante de toute influence s’avère utile dans un environnement imprévisible. Il est intimement lié à d’autres soft skills en entreprise recherchés : l’autonomie et la résolution de problèmes complexes.
5. La créativité
Indispensable dans toute démarche d’innovation, la créativité réside en chacun de nous et se retrouve bien souvent étouffée dans le cadre du travail. Pourtant, la créativité a toute sa place en entreprise, que ce soit au sein de la conduite du changement ou dans le cadre du développement d’un nouveau produit, service ou processus de travail. Elle pourrait même être la clé de la survie des entreprises à l’avenir.
6. Le management
Un soft skill à part entière, la bonne gestion d’une équipe n’est pas donnée à tout le monde. On peut s’y former et elle peut se révéler au fil de ses expériences. Cessons de considérer le management comme une suite logique de carrière et plutôt une compétence clé pour la valorisation du capital humain d’une entreprise. Les qualités d’un bon manager intègrent nombre d’autres qualités relationnelles telles que l’écoute, l’esprit critique, le sens de la collaboration, la capacité à déléguer ou encore à mesurer la complexité d’une situation de conflit. Marier soft skills et management consiste à voir le travail comme une véritable source d’épanouissement par le progrès et à tout âge.
7. L’esprit d’équipe
La crise sanitaire nous a bien montré l’importance de regrouper les savoirs et les efforts, à défaut de pouvoir le faire physiquement. La capacité à créer de la valeur ensemble, penser au niveau du groupe et valoriser la cohésion sont devenues des forces indéniables pour faire face à l’incertitude. Un salarié doté d’un fort esprit d’équipe saura embarquer les autres collaborateurs et indirectement, se fera le moteur de vos projets.
8. L’intelligence émotionnelle
Savoir maîtriser ses émotions contribue à alléger l’ambiance de travail et permet de percevoir des situations complexes avec plus de clarté d’esprit. Attention, l’intelligence émotionnelle ne signifie pas qu’il faut supprimer les sentiments, seulement mieux les gérer et les mettre à contribution de manière stratégique. Par exemple, l’empathie et la persévérance reposent en partie sur la capacité à ressentir des émotions.
9. La prise de décision
Les collaborateurs prennent des décisions plus ou moins importantes tous les jours. Il s’agit ici d’être en capacité de juger de la bonne démarche à prendre, d’inclure tous les facteurs décisifs, de nourrir son esprit critique et débattre des différentes options, parfois ensemble.
10. Le sens du service
Apporter son aide à un autre collaborateur n’est pas juste un geste amical, mais une véritable contribution envers le bien-être dans l’entreprise. La capacité à voir l’objectif global, la big picture comme diraient les anglo-saxons, est de plus en plus recherchée par les employeurs.
La pensée critique et la résolution des problèmes (en croissance constante depuis 2016) sont les soft skills en entreprise sur lesquels se focaliser sur les cinq prochaines années. D’autres, nouveaux arrivants au tableau de chasse, comme l’auto-gestion, l’apprentissage actif, la résilience, la résistance au stress et la souplesse sont également à prendre en compte à l’ère du télétravail et des changements successifs.
WORLD ECONOMIC FORUM
Comment développer les soft skills en entreprise ?
Faire appel à ses compétences souples pousse parfois à sortir de sentiers battus. Dans le recrutement comme en interne, il est alors question d’adopter une démarche plus inclusive afin de regrouper une diversité de profils et de compétences souples. Le développement Les soft skills en entreprise peuvent être repérés lors des phases de recrutement et également développés auprès des talents en interne.
Connaissez-vous les KBI ?
Les Key Behavioural Indicators, ou indicateurs comportementaux en français, tentent de mesurer les facteurs moins tangibles de la vie d’entreprise tels que la gestion des conflits, la transmission des informations et les processus de travail, par exemple. Leur mesure est complémentaire aux traditionnels KPI (indicateurs de performance) Ces indicateurs voudraient lier la part relationnelle et humaine du travail à la performance. Les KBI révèlent les soft skills en entreprise qui sont responsables de la QVT et de la performance.
Les axes principaux s’articulent autour de la communication et du « travailler ensemble » :
- Comment se déroulent les réunions ? Sont-elles structurées ? Impliquent-elles l’ensemble des intervenants ? Les processus sont-ils fidèles aux valeurs de l’entreprise
- Existe-t-il une culture du feed-back ? Si oui, est-elle constructive et proactive ? Les retours s’effectuent-ils dans l’intérêt de la mission ? Comment sont suivies les suggestions et modifications apportées ?
- La communication est-elle juste ? Implique-t-elle tous les collaborateurs ?
- Le management est-il à sa place ? Le dialogue est-il équitable ? Les points de vue divergents sont-ils accueillis de manière ouverte ? Les managers sont-ils capables de valoriser auprès de leurs équipes l’impact global de leurs missions ? Enfin, encouragent-ils la montée en compétences ?
En répondant à ces questions, les managers et RH obtiendront des indices pour créer de meilleures conditions de travail grâce au développement des capacités comportementales et relationnelles des uns et des autres. Pendant que le management s’arme de ces qualités, l’apprentissage devra devenir un projet collectif pour assurer l’avenir de l’activité. Pas juste une tendance, les soft skills en entreprise contribuent grandement à la conduite du changement et présentent donc un investissement durable.
Maï Trebuil